Sortir de la crise

27 octobre 2008

Depuis des mois que nous l’avions vu venir cette crise, nous sommes maintenant en plein dedans. Pas une crise de croissance, qui aiderait à grandir, mais bien une violente secousse qui ébranle les convictions les plus fortes et les organisations les mieux établies. Je ne vais pas vous parler de l’enchaînement des causes et des conséquences, il suffit d’ouvrir n’importe quel journal pour y trouver le démontage des mécanismes à l’oeuvre.

Il me semble qu’il y a pourtant quelque chose que l’on ne dit pas assez et pas assez fort : dans tout ce monde globalisé, nous avons perdu notre propre mesure. Que le capitalisme soit une machine qui n’a rien de philanthropique, nous le savions déjà. Que le socialisme se soit moqué sans vergogne de l’humain, il va sans dire.

Aujourd’hui, c’est un intense effort de déconstruction que nous allons être amenés à faire pour, in fine, construire un modèle d’organisation socio-économique où l’humain prenne la place essentielle. On pourrait alors se tourner vers un moment de l’histoire européenne : l’humanisme de la Renaissance, qui pourrait féconder notre recherche.

Mais l’humanisme est mort, nous dit-on, depuis les camps de concentration. Ce à quoi on pourrait répondre : qu’y a-t-il pour le remplacer, mis à part le cynisme et le nihilisme? Retrouver l’humain, c’est croire en une vision de la société où l’être humain ne se réduit plus à sa somme d’achats et où l’important réside dans les conditions créées pour son accomplissement en tant qu’humain. Dernièrement, le leader du MoDem, François Bayrou, a proposé son analyse de la crise : voici qui mérite d’être repris, discuté, approfondi.

Mais cet humanisme ne peut, ne doit se construire qu’avec des traditions philosophiques, religieuses diverses et variées.

A ce titre, je vous invite à écouter cette émission de France Culture de la semaine dernière, intitulée Cultures de l’Islam, où l’on découvre un humanisme islamique que l’on a cherché à étouffer. Cliquez ici pour Humanisme et Islamisme

Dans cette perspective de tâtonnements vers un nouvel modèle de société, je vous ferai part dans quelques jours de mon expérience d’adhérent d’une AMAP.

A vous lire

 

« La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique »

20 octobre 2008

Vous connaissez tous la phrase de Pascal, et vous connaissez ce qu’il advient : La justice est sujette à dispute, la force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi on n’a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu’elle était injuste, et a dit que c’était elle qui était juste. Et ainsi, ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste.

Pourquoi en est-il ainsi? Tout simplement parce que la force a pris la parole, est entrée dans le domaine du discours. Ce que veut toute force, c’est non seulement tuer toute autre force ou l’asservir et sortir de son domaine, celui des actions extérieures. C’est pourquoi, elle investit l’ordre du discours.

Le discours, c’est ce qui permet à la force de se transformer en pouvoir. Autrement dit, grâce à la représentation en signes, la force s’empare de la justice et se présente comme ce qui est juste, elle devient un pouvoir.

Dans ces conditions, la création d’institutions répond à un seul objectif : la sauvegarde du pouvoir, sa perpétuation.

En somme, la représentation est le moyen de perpétuer la force qui s’est instituée comme juste et qui est devenue pouvoir.

Sans la représentation, sans le discours, il n’y a que la force qui essaie de devenir toujours et encore la plus forte…

 A vous lire.

 

Vive l’Europe de la cuisine… Ou méfiez-vous du Petit Paumé…

19 octobre 2008

Une fois n’est pas coutume, je vais vous faire le récit de mon expérience culinaire de vendredi soir dernier.

Nous décidons d’aller manger dans un restaurant à tapas du côté du 1er arrondissement de Lyon. Le lieu est présenté comme une taverne basque dans le Petit Paumé, la bible lyonnaise des chercheurs de pépites gastronomiques et autres curiosités de fin de soirée.

Le local, d’abord: grande salle aux murs ornés de raquettes de pelote basque -qui ont l’air tout droit sorties du magasin de souvenirs locaux tant elles n’ont pas servi-, force têtes de toros -car dit l’annonce, ici on prolonge les fêtes de Bayonne-, des piments de toutes sortes et de toutes tailles, et quelques drapeaux basques…

Et comme si l’on avait encore un doute, un écran géant en plein milieu du mur du fonds où l’on vous passe en boucle un DVD consacré aux ferias de Bayonne et d’ailleurs…Là, j’ouvre une parenthèse : amoureux de la corida, je doute que la projection -imposée- des passes des toreros pendant le repas soit d’un bon goût…La  mise à mort pourrait en rébuter plus d’un et d’une. Je tente une explication : cela fonctionnerait comme la mise à mort symbolique du pauvre client venu chercher un peu de « basquitude » dans ce monde de gratons lyonnais…

Bon, on l’aura compris, le patron et son équipe veulent faire passer un message : ici, on est au pays basque, et tout ce que vous allez voir, manger etc… est certifié d’origine…

Et puis vint le moment du repas : de ma vie, je n’avais jamais mangé du pain et de la tomate de la sorte-vous savez la tomate frottée agrémentée d’huile d’olive sur une tranche de pain. On nous sert du pain frotté de coulis de tomates (?!!!). Puis j’ai pris des sardines à l’escabeche, qui suppose une marinade de quelques jours : malheureusement, les sardines étaient à l’huile avec une pointe de piment (d’Espelette ?). Et le tout à l’avenant..comme ce poulpe tout droit sorti de sa boite de conserve et ce pain qui m’avait plus l’air de ressembler à un mini-krisproll qu’à un pain ibérique…

Bref, au moment de partir, vint la question rituel du garçon : est-ce que cela vous a plu? Et là, mal en a pris à ma compagne de dire que ce n’était pas à la hauteur de nos espérances…Nous avons eu droit au rituel : « c’est bien la première fois que cela nous arrive ». Puis au : « Si les Espagnols me vendent de la merde, j’y peux rien », et on termine par : « Si vous n’êtes pas contents, vous pouvez aller vivre en Espagne ». Là, un puriste aurait pu dire que le pays basque n’est pas l’Espagne, mais bon, ce n’était pas l’heure ni le lieu d’entrer dans des considérations politiques…

Tout était en toc dans ce lieu, recommandé par le Petit Paumé. M’est venue alors une question saugrenue : les étudiants gavés de pizzas et burgers sont-ils à même de juger une cuisine qui se présente comme régionale?

Un jour de déprime absolue…

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