Archive de la catégorie ‘Europe’

171 millions pour atteindre 40%

Samedi 24 octobre 2009

Nous revoici en automne, le temps des budgets et des rapports sur les dépenses de nos institutions publiques…Tiens, avez-vous lu le rapport de la Cour des Comptes, commandé par la commission des finances du Sénat, sur le budget de la Présidence française de l’Union Européenne (juillet-décembre 2008)?

Non? Bon alors sachez qu’il en aura coûté 171 millions d’Euros au contribuable français…soit la bagatelle d’1 million par jour…A titre de comparaison, la présidence française de l’an 2000 tournait autour de 76 millions d’Euros et la dernière présidence allemande atteignait les 165 millions d’Euros (mais pour un Etat dont le budget est supérieur au budget français de…500 milliards d’Euros)…

Que de chiffres me direz-vous! Eh bien, puisque c’est nous qui payons, ne boudons pas notre plaisir et entrons dans les détails :

-pour le sommet de lancement de l’Union Euroméditerranéenne - »machin » dont plus personne ne se soucie -, rien ne fut trop beau : 1,01 millions!

-pour le logo dessiné par P. Starck : près de 60 000 Euros

-pour un symposium sur l’innovation co-présidé par C. Allègre : plus de 700 000 Euros…

Bon, je vous laisse découvrir les autres chiffres, car cela en vaut la peine…

Mais le rapport pointe également les appels d’offre « passés à la trappe », contre toutes les règles de mise en concurrence édictées par les Etats…

N’en jetons plus! Certains sur le Net se sont réjouis de l’incroyable efficacité de la présidence française, qui aurait redonné du tonus à l’idée européenne…Une dernière question pour finir : connaissez-vous le taux de participation des Français(e)s aux élections europénnes de juin 2009 ?

Réponse : 40,63%…

Je vous laisse conclure…

Karambolage ou la France et l’Allemagne au quotidien

Mardi 21 juillet 2009

 

massecritique.jpg

Karambolage, c’est le titre d’une émission dominicale sur Arte. Depuis janvier 2004, un groupe de journalistes explore, dans un format court -10 à 12 minutes- les objets, les rituels, les mots d’Allemagne et de France qui rendent compte des particularités des deux peuples mais aussi de leurs échanges culturels séculaires.

Sur un rythme dynamique, agrémenté d’une recherche graphique très inspirée des collages du Monty Python flying Circus Show, le téléspectateur perce l’inconscient des Allemands et des Français. C’est beaucoup plus efficace que de longs discours d’experts en tous genres. Une magnifique réussite que l’on pourrait conseiller aux élèves et étudiants d’Allemand et de Français.

Mais Karambolage, c’est aussi une édition papier de ces courts documentaires. On retrouve l’originalité du propos et sa profondeur. Divisé en sections – l’Objet, le Symbole, le Mot, le Rite, le Quotidien et l’Analyse d’image -, ponctué par des devinettes qui sollicitent le sens de l’observation du lecteur, l’ouvrage est agréable à lire.

karambolage.jpg

 

Mais, pour le dire franchement, j’ai été déçu. Et tout d’abord par la qualité des images. Il n’est pas acceptable qu’une maison d’édition comme Le Seuil, associée à Arte, puisse produire un ouvrage où l’iconographie – par ailleurs si importante – soit traitée de cette manière. Malgré un avertissement placé au début de l’ouvrage, les images pixellisées sont du plus mauvais effet. C’est bien dommage.

Ma déception vient aussi de la dynamique perdue. Les éditeurs n’ont pas su donner à leur livre ce rythme qui fait le charme de l’émission. Dommage.

Malgré tout, en cette période estivale, l’ouvrage se laisse facilement lire et picorer au hasard de nos envies. Alors pour terminer, un petit exemple, celui du « Bierwärmer » ou « chauffe-bière », évidemment complètement inconnu dans l’Hexagone, sorte de tuyau en métal servant à faire remonter la température de la bière, lorsqu’elle est trop fraîche. Comme tout objet populaire, il s’est bien vite orné de représentations un tantinet ironiques, comme ces « Bierwärmer » représentant Guillaume II dans son plus simple appareil.

Merci Karambolage!

 

 

L’Europe a perdu la bataille de la communication

Mardi 12 mai 2009

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la campagne pour les élections européennes ne rend pas les foules hystériques. Lyon ne fait pas exception à la règle : mis à part les militants MoDem, on ne voit guère les autres. Quelques socialistes par ci, une pincée d’UMP par là…Quant aux Verts, NPA, FN et autres formations républicaines ou non, on ne les a pas encore vus.

Johnny plus important que le « couple franco-allemand »

Il y a eu quelques réunions partisanes et des animations sur le thème de l’Europe, mais qui, selon la presse locale, ne rassemblent guère non plus. Un exemple parmi tant d’autres, révélateur d’une indifférence marquée : le journal de France 3 Rhône-Alpes du vendredi 8 mai s’est ouvert sur…la dernière tournée de Johnny Halliday de passage dans la région. Et pourtant, dans ce même journal, un reportage consacré à un ancien prisonnier de guerre allemand retourné dans le village savoisien où il avait travaillé, aurait pu être le prétexte d’un couplet plein de chaleur sur le « couple franco-allemand » et la construction européenne…Peine perdue…

Donc les Européens, je veux dire ceux qui y croient encore, essaient bien de relancer la mécanique de l’adhésion au projet. Samedi 9 mai, en plein centre-ville lyonnais, la Journée de l’Europe et le début de la campagne électorale ont été marqués par la présence de militants MoDem et des membres de la Maison de l’Europe. C’est un peu maigre.

Le Bus de l'Europe place Ambroise Courtois

 

Le bus de l’Europe tourne à vide

Confirmation quelques jours plus tard, sur la place Ambroise Courtois dans le 8è arrondissement de Lyon, où le bus de l’Europe a fait escale. il y a avait plus de monde aux terrasses qu’aux abords du bus. Une seule affiche pour rappeler que le 7 juin, on vote en Europe. Là aussi, c’est bien peu. Comme un certain nombre de passants, j’ai récupéré de la documentation, pédagogique dirons-nous, bien trop pédagogique…: un poster-frise chronologique qui montre l’évolution du Continent depuis 1950, une règle – pour mon fils – avec les drapeaux des 27 pays de l’Union, un dépliant qui vante les mérites de l’Euro, un autre qui décrypte le fonctionnement du Parlement européen.

Finalement, une documentation intéressante, un peu lourde, mais qui ne peut convaincre et intéresser que les convaincus. Rien de très « vendeur » en somme, rien de très « marketing ». C’est dur d’en arriver à un tel constat, mais l’Europe a perdu la bataille de la communication voilà bien longtemps. Le décompte des sujets européens dans les journaux télévisés français serait instructif à cet égard.

A la complexité de ses institutions à géométrie variable, à l’absence d’incarnation du projet européen dans une équipe d’hommes et de femmes, l’Europe a réussi a ajouter la médiocrité de sa communication. Il va falloir se retrousser les manches si l’on ne veut pas perdre définitivement cette guerre de la représentation.

 

12345...8