Archive de la catégorie ‘Démocratie’

A Lyon, une Gay Pride bon enfant

Dimanche 13 juin 2010

C’était une première pour moi : participer à un cortège de la Gay Pride à Lyon. La question de l’égalité des droits pour les homosexuels est une immense tâche qui méritera encore de nombreux combats.

En attendant, cette 15è marche a été aussi festive et populaire que  les précédentes, du moins c’est ce qui me semble. Environ 10 000 ou 12 000 personnes se sont donné rendez-vous dans le très chic et bourgeois 6è arrondissement de Lyon, près du Parc de la Tête d’Or. Au terme d’un parcours de plus de 3h, nous sommes arrivés place Bellecour, non sans parcouru quelques rues « bon chic bon genre » de la presqu »île lyonnaise.

Un des chars de la Gay Pride à l'arrivée place Bellecour

Quelques surprises pour un novice : peu d’élus avec leurs écharpes tricolores, quelques personnalités du monde lyonnais de la culture, une présence massive – surtout en début de cortège – des partis de gauche (P.s, quelques NPA, Gauche unitaire…), mais aussi des badauds venus flâner en presqu’île et parmi eux de rares voyeurs – voyeuses – mais facilement repérables, une foule dans un sentiment plutôt attentiste – et qui peut-être ne retiendra de la manifestation que l’aspect festif – et quelques hurluberlus excités et homophobes…

Le mot d’ordre mêlait expulsions d’étrangers et amours homosexuels entre Français et étrangers : de quoi rappeler à tout le monde que les homosexuels sont, comme les autres, victimes d’une politique répressive de l’immigration. Et il est sain de faire partager ces idées aux citoyens français, afin, en retour, de permettre de banaliser le discours sur l’égalité des droits…

On aimerait maintenant un effort des partis politiques français pour penser une nouvelle société à l’aune des revendications gays et lesbiennes : le chemin est encore long, mais plus la population hétérosexuelle se pressera à ces marches des fiertés homosexuelles, plus le règlement de la question de l’égalité sera proche.

ACTA ou les libertés fondamentales à la poubelle

Jeudi 4 février 2010

Les Libéraux se préoccupent avant tout de la défense et de l’extension des libertés fondamentales, au premier rang desquelles figure la liberté de s’informer.

Le développement massif des contenus et services électroniques est une révolution technologique qui n’est, en soi, ni bonne ni mauvaise, mais qui autorise, grâce à la puissance des outils désormais à notre disposition, des dérives liberticides évidentes.

Hadopi I – caduque – et Hadopi II ont été combattues et doivent l’être encore. Mais, malheureusement, il y a pire : ACTA. Ce traité, en cours de négociation dans le plus grand secret, a pour objectif initial la lutte contre la contrefaçon -des produits physiques ou dématérialisés. Mais au fil des table-rondes, il a fini par s’étoffer et consacre de larges pans de mesures à Internet ou plutôt à sa répression. Au total, il s’agit pour les pays qui signeraient ACTA, de faire porter la responsabilité des échanges illégaux sur les FAI en les obligeant à sanctionner de manière graduée, et sans passer devant un juge, les internautes coupables de léser le droit d’auteur! Rien que cela!

Il va de soi que ce mouvement de fonds, concernant notamment les droits d’auteur à l’ère numérique, qui consiste à accentuer la répression, doit être combattu tant il risque de nous faire basculer dans un système liberticide.

Pour en savoir plus sur ACTA, voyez le communiqué conjoint des associations de bibliothécaires, archivistes et autres documentalistes sur Bibliosession.

Et pour rire amer, voyez cette vidéo http://www.dailymotion.com/video/xc0eoj

Citoyens et gouvernement : à bonne distance…

Lundi 2 février 2009

 

Le déplacement de la cour du roi a toujours occasionné de multiples festivités dans les villes honorées. Celles-ci rendaient un hommage appuyé au souverain en déplacement, et quand le royaume sortait d’une période de troubles confinant à la guerre civile, le roi venait vérifier le degré d’allégeance de ses « bonnes villes ». Il défilait alors dans la cité, montrant ainsi sa puissance, à la tête d’un cortège qui se voulait impressionnant.

Les siècles défilent et le roi d’aujourd’hui s’est fait moderne : il décentralise ses ministres et leurs conseillers, s’immisce dans nos vies privées à tout moment. Difficile d’en réchapper…

Rendue public il y a à peine dix jours, la tenue, à Lyon, du CIACT -Comité Interministériel d’Aménagement et de Compétitivité des Territoires- a permis de vérifier que nos gouvernants sont de plus en plus éloignés des citoyens.

Arrivés en TGV, les ministres ont pris place dans cinq bus et plusieurs voitures de forte cylindrée. Bien évidemment, la gare de la Part-Dieu avait été presque totalement bouclée par les forces de l’ordre. En fait, tout est géré comme serait gérée la venue de stars du show-business ou du sport : annonce du déplacement, arrivée presque en catimini suivie par la presse accréditée, déploiement suffisamment visible et dissuasif des forces de l’ordre, départ vers le lieu de rendez-vous sous escorte.Pour ceux qui ne connaissent pas Lyon, il faut rappeler que l’on peut aller de la gare de la Part-Dieu à la préfecture, lieu de rendez-vous du CIACT, en 5 minutes…en tramway…

Mais non, nos élites actuelles préfèrent la mise en scène qui permet de se soustraire à la foule. La mise en scène, car on peut comparer le défilé des bus, motards, voitures de police, en tout plus d’une trentaine de véhicules, au cortège de l’entrée du roi. Mais alors que celui-ci défilait au contact de ses sujets, les vice-rois actuels fuient ostensiblement le contact direct avec la foule, sauf à l’organiser dans tous les détails.

Cette mise à distance, cultivée à souhait, trahit bien la difficulté de tous les gouvernants à créer une certaine empathie avec les citoyens. Cela renforce aussi l’idée que le pouvoir est intrinsèquement secret et inaccessible, donc forcément sourd et aveugle.

Cette mise à distance est concommittante d’une omniprésence médiatique. Les gouvernements sont sommés de résoudre en temps réel des problèmes complexes : c’est le revers de la médaille technologique. Ce sur-investissement du présent a un autre effet : l’abolition de la distance physique. Si je suis toujours là en temps et en heure, même à travers un écran d’ordinateur, je finis par devenir comme  physiquement présent. Nul n’est besoin alors du contact réel, physique avec les citoyens.

La réaction de Nicolas Sarkozy -le désormais fameux « casse-toi pauvre con »-, mais aussi les préfets et autres commissaires « placardisés » pour n’avoir pas pu prévenir toute irruption du réel dans l’ordonnancement du spectacle du pouvoir, sont à mettre au crédit d’une distance de plus en plus grande entre les effets du pouvoir et son spectacle. La virtualité menace notre démocratie.

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