Archive de la catégorie ‘Arts’

Affaire Karski : la fiction prend le contrepied de l’histoire…pour le bien de tous

Mercredi 17 mars 2010

De quoi, débat-on en France en mars 2010 ? De la manière de relancer le projet européen ? De la 3è Intifada qui se prépare ? De la crise qui continue de bouleverser la vie de millions de personnes ? Non, pensez-vous !

Sur les ondes mais aussi à la télévision, on parle de la Shoah ou plus exactement de la connaissance qu’avaient les Alliés de l’état d’avancement de la destruction des juifs d’Europe en 1942…Non, vous ne rêvez pas, nous sommes en 2010 et on en est encore là. On pourrait penser que le débat resterait limité aux historiens et mémorialistes spécialistes de la question. Mais non, car France Culture a cru bon d’organiser une journée de débats sur le sujet. Et Arte de programmer une soirée spéciale pour traiter de la chose : l’affaire Karski.

Mais au fait, de quoi s’agit-il ? D’un livre écrit par Yannick Haenel, Jan Karski, sorti il y a 6 mois. Une fiction mettant en scène Jan Karski, résistant polonais et représentant de son gouvernement en exil, venu expliquer à Roosevelt que les Juifs sont en train d’être exterminés. Jan Karski et Roosevelt sont des personnages réels, mais tout le reste est faux.

Sauf que, voilà, l’auteur montre un Roosevelt lubrique, peu intéressé par les propos de Karski et qui finalement néglige cette question de l’extermination des Juifs. Et cela, en France, cela ne passe pas. Résultat : Claude Lanzmann, l’auteur entre autres de Shoah, est monté au créneau pour dire tout le mal qu’il pensait de ce romancier…

Fermez le ban, en France on ne touche pas à la Shoah, surtout quand il s’agit de fiction ! Je vous invite à découvrir les propos de Claude Lanzmann sur France Culture ce matin. Je n’entre pas dans le débat historiographique dont tout le monde se moque éperdûment.

Je retiendrai seulement le mépris du directeur des Temps Modernes pour une génération -la mienne, celle des trentenaires- qu’il traite de génération sans idéal. Ce mépris, je l’ai pris en pleine tête, tout en ne sachant pas vraiment ce que nous avions pu faire pour être traités de la sorte.

Je me dis que la seconde guerre mondiale, pas plus que d’autres événements fondateurs, ne sauraient être mis sur un piedestal, devenant de la sorte un objet intouchable, qu’il serait souhaitable de ne plus interroger et surtout pas de mettre en fiction.

J’ai aimé le livre de Haenel, et je me moque bien de savoir s’il est juste historiquement ou si l’auteur a commis un sacrilège. Le pouvoir de la fiction est infiniment supérieur à toutes les prises de position des gardiens du Temple. Lisons Haenel et ne laissons personne nous faire la morale, même s’il s’appelle Lanzmann. Après tout, les intellectuels ont aussi droit à une retraite bien méritée.

ACTA ou les libertés fondamentales à la poubelle

Jeudi 4 février 2010

Les Libéraux se préoccupent avant tout de la défense et de l’extension des libertés fondamentales, au premier rang desquelles figure la liberté de s’informer.

Le développement massif des contenus et services électroniques est une révolution technologique qui n’est, en soi, ni bonne ni mauvaise, mais qui autorise, grâce à la puissance des outils désormais à notre disposition, des dérives liberticides évidentes.

Hadopi I – caduque – et Hadopi II ont été combattues et doivent l’être encore. Mais, malheureusement, il y a pire : ACTA. Ce traité, en cours de négociation dans le plus grand secret, a pour objectif initial la lutte contre la contrefaçon -des produits physiques ou dématérialisés. Mais au fil des table-rondes, il a fini par s’étoffer et consacre de larges pans de mesures à Internet ou plutôt à sa répression. Au total, il s’agit pour les pays qui signeraient ACTA, de faire porter la responsabilité des échanges illégaux sur les FAI en les obligeant à sanctionner de manière graduée, et sans passer devant un juge, les internautes coupables de léser le droit d’auteur! Rien que cela!

Il va de soi que ce mouvement de fonds, concernant notamment les droits d’auteur à l’ère numérique, qui consiste à accentuer la répression, doit être combattu tant il risque de nous faire basculer dans un système liberticide.

Pour en savoir plus sur ACTA, voyez le communiqué conjoint des associations de bibliothécaires, archivistes et autres documentalistes sur Bibliosession.

Et pour rire amer, voyez cette vidéo http://www.dailymotion.com/video/xc0eoj

Jojo au bord du monde…

Dimanche 25 janvier 2009

…c’est le titre d’une pièce de théâtre remarquable mise en scène par Nino d’Introna, directeur du Théâtre Nouvelle Génération, scène dramatique nationale de Lyon. Un théâtre pour les enfants, les jeunes pré-ados et les ados, mais aussi pour les grands.

1h30 de plaisir, de joie, de tristesse, et aussi le sentiment d’être plus intelligent après avoir vu la pièce. Mon fils, aussi, a adoré.

Jojo, c’est un gamin qui est tout seul dans sa rue avec, pour seul compagnon, son ballon de foot. On apprend au cours de la pièce que ses parents sont partis aux Bahamas pour un voyage de rêve, après avoir gagné un jeu. Mais voilà, alors que Jojo rêvasse, la fée Anita -style limite junkie- débaroule sur la scène ; elle est accompagnée de sa vieille maman handicapée et qui n’a plus qu’une mémoire relative des mots : alzheimer est passé par là.

Jojo doit faire un voeu, c’est le contrat que doit honorer Anita. Il veut être star de foot, mais Anita ne saurait exaucer ce voeu…Jojo se retrouve seul à seul avec la vieille fée, mère d’Anita. S’ensuit alors un merveilleux voyage initiatique pendant lequel Jojo devra affonter ses peurs -La Grande Peur, comme il dit-, voir clair dans son coeur. Ayant vaincu la Grande Peur, la vieille fée pourra disparaître…

La mise en scène est superbe, les 7 acteurs extraordinaires. Au cours de son voyage, Jojo rencontrera un docteur cupide et méchant, son frère patron de bar tout aussi cupide, une blanche-neige bouffie, les Dupont et Dupond dont l’un veut changer de sexe, Batman en hard-rockeur qui chante du Léo Ferré, et un invraisemblable Petit Poucet -Le Petit Plus- alcoolique, psychopathe (?) et poète à ses heures.

Ce Petit Poucet, c’est mon préféré : quelle énergie, quelle diction…Et aussi, qu’est-ce qu’il fait peur quand il surgit du fin fond des bois! D’ailleurs, en guise de petits cailloux, il sème des canettes de bière, des moines trapézistes comme dit Jojo.

Le Théâtre Nouvelle Génération, avec Nino d’Introna à sa tête, c’est un théâtre qui donne le meilleur aux enfants et aux grands…

Vive le TNG de Lyon !
 

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