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Les voies subtiles du métissage musical européen

Concierto criollo : c’est le titre d’un concert donné dernièrement, à Lyon, par l’ensemble du Concert de l’Hostel-Dieu, dirigé par Franck-Emmanuel Comte.

Sous couvert de musique baroque, nous avons eu droit à un étrange et intéressant concert. Etrange parce-qu’on y a vu des chanteurs jouer des percussions, faire l’acteur grimés en mulâtre…Intéressant parce qu’on a pu découvrir une forme de musique baroque religieuse peu connue. Il s’agit de pièces écrites essentiellement par des maîtres de chapelle jésuites, espagnols ou portugais. Leur objet : la nativité et toute la geste des rois mages. Jusque-là rien que de très classique. Mais plus surprenant, cette musique religieuse emprunte largement aux rythmes crées par les esclaves africains déportés dans les colonies espagnoles depuis la fin du XVè siècle : de multiples percussions, des tam-tam aux sonorités modernes…Imaginez la scène : un clavecin jouant avec un tam-tam, celui-ci bien plus audible que celui-là…

Pendant ce concert, des pièces moins sérieuses furent jouées, mélangeant pareillement la quintessence de la musique baroque avec des rythmes exotiques. Que l’on ne perde, cependant, pas de vue que l’objectif de ces maîtres jésuites était bel et bien l’évangélisation de populations pensées comme inférieures.

Alors que l’on parle de métissage et de mélange des cultures, on pourrait avancer que l’art, et la musique en particulier, sont par essence des domaines de transferts culturels intenses.

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