Il est une tendance nocive en France à faire de l’Etat notre bon samaritain à tous. On aurait pu penser que les professionnels qui font la presse -journalistes, industriels, ouvriers du livre, diffuseurs…- trouvent un moyen d’organiser eux-mêmes des états généraux de la presse sans attendre l’initiative du pouvoir…Las, c’est bien Nicolas Sarkozy qui a convoqué ces -on n’ose à peine écrire « ses »- états généraux, comme sous l’Ancien Régime, le roi pouvait convoquer les siens.
Y a-t-il péril en la demeure? Tout dépend de quoi l’on parle : la presse quotidienne a un taux de pénétration extrêmement faible en comparaison de nombreux autres pays européen, la diffusion est en recul pour un grand nombre de titres historiques tant au niveau national que régional. De son côté, la concentration se renforce, ce qui est permis par les différentes modifications législatives introduites dans les années 1986-1988. A tel point qu’un groupe d’armement bien connu, qui dépend des commandes de l’Etat, possède de nombreux titres de presse…
La presse, bon gré mal gré, se convertit au plurimedia et investit Internet. Elle a également dû faire face à l’arrivée des quotidiens « gratuits » qui n’ont fait qu’accentuer le phénomène de baisse de diffusion…
Les « gratuits » ont aussi prouvé qu’une part non négligeable des lecteurs -en fait de nombreux non-lecteurs-ne s’y retrouvaient pas dans l’offre journalistique, et que les 20Minutes, Métro, DirectSoir et les quotidiens du réseau Plus, ont permis de couvrir leurs besoins et attentes. La segmentation de l’offre est un phénomène qui s’accentue de jour en jour avec la multiplication des magazines et des hebdomadaires…
Et la publicité, direz-vous? C’est bien l’une des facettes du problème, puisque dans une logique traditionnelle, le journal est vendu aux lecteurs mais aussi aux annonceurs. Un « gratuit » dépend presque uniquement des recettes publicitaires. De même sur le Net, une offre gratuite est totalement dépendante des annonces, sauf à imaginer des abonnements spécifiques où des informations de plus haute valeur ajoutée sont réservées à des abonnés payants…Or, le problème de la publicité sur le Net a un nom : Google, qui draine plus de 40% du marché mondial de la publicité on-line…et ce n’est pas fini avec le récent accord Google-Yahoo sur les liens sponsorisés…
Amis journalistes, de l’imagination et encore de l’imagination!
Quant à nous, lecteurs et citoyens, nous serons vigilants sur les conclusions de ces états généraux…
Petit rappel : le off des états généraux de la presse sur mediapart, ou ici, à partir de ce soir 20h. Faites-le savoir…
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.