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Archive pour octobre 2008

Récit d’une visite chez des fédéralistes convaincus

Jeudi 30 octobre 2008

Désireux de comprendre a minima la crise -les crises- qui nous encercle, je suis allé à la réunion d’information proposée par le relais Europe Direct de Lyon.
Le soir était froid et pluvieux sur la ville. La rue de l’Arbre-Sec peu éclairée comme à son habitude. Et là première surprise, le drapeau européen au vent. J’ai eu un sentiment de joie instantanné. C’est comme si j’étais de retour d’un long voyage et que j’étais enfin rentré chez moi…

J’entre dans le bureau, la petite salle est pleine, peut-être 35 personnes. La conférence à deux voix a déjà débuté et l’auditoire est concentré. Pourtant il s’agit d’expliquer la crise, et ce en termes techniques. L’orateur est Alain Malégarie, président délégué d’Europe Direct Rhône-Alpes.

Le propos est limpide et les options politiques défendues sont aussi clairement énoncées : le fédéralisme, rien que le fédéralisme.

Alors déroulons un peu le propos :

Alain Malégarie d’expliquer les signes avant-coureurs de la crise actuelle sur les 10/15 dernières années : scandales ENRON, crise des « subprimes », crise actuelle. Explication convaincante des « créances pourries », du jeu de dupe financier, ainsi que de la perte de confiance entre les acteurs dudit jeu, et notamment les banques.

Vient alors le temps de l’analyse des réponses apportées : l’existence de l’Europe, avec pour la première fois de sa jeune histoire, la réunion de l’Eurogroup au niveau des chefs d’Etat et des Premiers ministres. Une concertation qu’Alain Malégarie souhaite voir se pérenniser. Ici, un bémol : pour lire la presse étrangère, je ne partage pas cette idée que Nicolas Sarkozy a été le grand ordonnateur du tout. On sait depuis quelques jours que Gordon Brown a été un inspirateur déterminant de la chose.

Bref, le discours se focalise alors sur la qualité de la réponse européenne à base de recapitalisation des organismes de crédit et de sécurisation des prêts inter-bancaires. A ce stade, un second bémol : Alain Malégarie affirme que les sommes mises à disposition ne seront pas décaissées, mais qu’il s’agit en quelque sorte d’une opération virtuelle. Cependant, nous savons bien que s’il n’y a pas décaissement, il y aura bien emprunt des Etats auprès des prêteurs potentiels qui sont sur le marché. Et qui dit prêt, dit remboursement. Ce point n’a pas été évoqué, et c’est là une question essentielle de l’opération.

Suit alors une affirmation forte : celle de la nécessité d’un interventionnisme étatique. Mais avions-nous vraiment le choix? Alain Malégarie avait pris soin de montrer que la crise de 1929 n’avait pas été gérée de la même manière, et que l’on avait laissé les banques à leur faillite surtout aux Etats-Unis. Dernier bémol : c’est avoir oublié qu’en 1932, F.D. Roosevelt était élu, qu’il mit en place à partir de 1933 un New Deal qui prenait pour postulat l’interventionnisme étatique.

Au total, nous avons eu droit à un exposé clair et, surtout, ne cache ses présupposés politiques : défendre la validité de l’action européenne et réclamer sa pérennisation pour construire, vaille que vaille, ce fédéralisme tant honni de nos jours. Disons-le tout de go, je partage cette option politique.

Je suis beaucoup plus circonspect devant la couronne de lauriers tressée à Nicolas Sarkozy. Mais peut-être cela vient-il du fait qu’Alain Malégarie était sur une liste UMP aux dernières municipales lyonnaises?

Quoi qu’il en soit, je vous invite à découvrir Europe Direct et à suivre et à participer à ses activités.

Dans ma rubrique Liens, vous trouverez l’accès au site internet, mais aussi au blog qu’Alain Malégarie vient de lancer. Allez-y, voici un espace de savoir des plus utiles.

A vous lire

 

Sortir de la crise

Lundi 27 octobre 2008

Depuis des mois que nous l’avions vu venir cette crise, nous sommes maintenant en plein dedans. Pas une crise de croissance, qui aiderait à grandir, mais bien une violente secousse qui ébranle les convictions les plus fortes et les organisations les mieux établies. Je ne vais pas vous parler de l’enchaînement des causes et des conséquences, il suffit d’ouvrir n’importe quel journal pour y trouver le démontage des mécanismes à l’oeuvre.

Il me semble qu’il y a pourtant quelque chose que l’on ne dit pas assez et pas assez fort : dans tout ce monde globalisé, nous avons perdu notre propre mesure. Que le capitalisme soit une machine qui n’a rien de philanthropique, nous le savions déjà. Que le socialisme se soit moqué sans vergogne de l’humain, il va sans dire.

Aujourd’hui, c’est un intense effort de déconstruction que nous allons être amenés à faire pour, in fine, construire un modèle d’organisation socio-économique où l’humain prenne la place essentielle. On pourrait alors se tourner vers un moment de l’histoire européenne : l’humanisme de la Renaissance, qui pourrait féconder notre recherche.

Mais l’humanisme est mort, nous dit-on, depuis les camps de concentration. Ce à quoi on pourrait répondre : qu’y a-t-il pour le remplacer, mis à part le cynisme et le nihilisme? Retrouver l’humain, c’est croire en une vision de la société où l’être humain ne se réduit plus à sa somme d’achats et où l’important réside dans les conditions créées pour son accomplissement en tant qu’humain. Dernièrement, le leader du MoDem, François Bayrou, a proposé son analyse de la crise : voici qui mérite d’être repris, discuté, approfondi.

Mais cet humanisme ne peut, ne doit se construire qu’avec des traditions philosophiques, religieuses diverses et variées.

A ce titre, je vous invite à écouter cette émission de France Culture de la semaine dernière, intitulée Cultures de l’Islam, où l’on découvre un humanisme islamique que l’on a cherché à étouffer. Cliquez ici pour Humanisme et Islamisme

Dans cette perspective de tâtonnements vers un nouvel modèle de société, je vous ferai part dans quelques jours de mon expérience d’adhérent d’une AMAP.

A vous lire

 

« La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique »

Lundi 20 octobre 2008

Vous connaissez tous la phrase de Pascal, et vous connaissez ce qu’il advient : La justice est sujette à dispute, la force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi on n’a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu’elle était injuste, et a dit que c’était elle qui était juste. Et ainsi, ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste.

Pourquoi en est-il ainsi? Tout simplement parce que la force a pris la parole, est entrée dans le domaine du discours. Ce que veut toute force, c’est non seulement tuer toute autre force ou l’asservir et sortir de son domaine, celui des actions extérieures. C’est pourquoi, elle investit l’ordre du discours.

Le discours, c’est ce qui permet à la force de se transformer en pouvoir. Autrement dit, grâce à la représentation en signes, la force s’empare de la justice et se présente comme ce qui est juste, elle devient un pouvoir.

Dans ces conditions, la création d’institutions répond à un seul objectif : la sauvegarde du pouvoir, sa perpétuation.

En somme, la représentation est le moyen de perpétuer la force qui s’est instituée comme juste et qui est devenue pouvoir.

Sans la représentation, sans le discours, il n’y a que la force qui essaie de devenir toujours et encore la plus forte…

 A vous lire.

 

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